Bismillahi Rahmani Rahim
« (…) Et ne pense point qu’Allah soit inattentif à ce que font les injustes. Il leur accordera un délai jusqu’au jour où leurs regards se figeront. (…) » (Sourate Ibrahim verset 42).
Frères dans l’ISLAM ! EID MOUBARACK !
Ce mois béni d’Eid Al Adha communément appelé Tabaski sous nos cieux est certes une joyeuse occasion de communion et de célébration pour la communauté musulmane. Mais il donne aussi l’opportunité d’avoir une pensée pieuse pour ceux qui sont dans l’impossibilité de s’en acquitter correctement parce que justement victimes d’injustices flagrantes. Par cela je veux nommer de prime abord les musulmans de l’ethnie Rohingya du Myanmar ; sujets d’exactions affligeantes. Aussi si le monde international préfère tourner le regard ; il ne saurait être de même de tout musulman conscientisé par une morale islamique qui veuille que la voix de chaque membre de la communauté soit celle de ceux qui n’ont point de voix parce qu’opprimés du moment.
Voila des décennies que des milliers de musulmans d’Arakan sont incessamment persécutés. Leur seul tort semble être d’avoir choisi la religion bénite de Ya Ra ’ouf (Le Compatissant) ; celle-ci même qui fut transmise par celui qui a acquis la précellence alors que l’aïeul était encore voilé dans la boue. De fait, depuis l’indépendance de la Birmanie en 1948 ; le gouvernement opère urbi et orbi une opération de nettoyage ethno-religieux. Et comme conséquence d’une politique de dé-légitimation, les Rohingyas sont devenus apatrides depuis 1982. Ces derniers jours ils subissent plus que jamais toutes sortes de brutalités dont les images ont fini de causer l’émoi dans les réseaux sociaux ou les télévisions du monde. Au quotidien, ils font l’objet de violences inouïes, d’expropriations, s’ils ne sont pas privés de leurs droits fondamentaux. Ainsi ils sont des milliers à être acculés à une fuite désespérée, laissant derrière eux des maisons et des mosquées ravagées par les flammes de la haine. Qu’on y attribuât ou pas le qualificatif de génocide ; le déplorable constat est le même : Refus d’une population au sein d’un territoire riche en ressources naturelles ; marginalisation ; épuration religieuse ; ségrégation ; enfermement ; migrations forcées… Une telle situation ne peut perdurer !
Aussi nous nous joignons à l’auguste Serigne Abdou Aziz Sy de la Tarikha Tidiane pour apporter une condamnation ferme à ces exactions commises. Nous rejetons la violence perpétrée par les autorités et dénonçons vigoureusement ces massacres opérés par l’armée de Myanmar contre les musulmans Rohingyas.
Au demeurant à ces opprimés ; nous apportons le message de non-violence de Cheikhoul Khadim qui prouvant quand il le fallut que dans la lutte contre l’oppression ; L’islam pouvait effectivement être un marqueur culturel servant de valeur – refuge.
Aussi nous lançons un appel solennel à la communauté internationale et aux leviers internationaux comme L’ONU pour que la bonne conscience collective prévale à ce niveau. Dans le cas échéant cette salissure laisserait une tache indélébile dans l’histoire contemporaine. Il ne s’agit pas uniquement pour l’ONU de déclarer les musulmans Rohingyas comme la minorité la plus persécutée au monde mais d’activer le conseil de sécurité comme conséquence de cette déclaration faite.
Au demeurant la lutte contre le terrorisme si noble soit-elle risque d’être embrouillée par ces injustices dont le seul constat pourrait servir d’excuse aux yeux de certains. Par « injustices » envers l’Oummah nous entendons non seulement les 58.000 musulmans déplacés en Bengladesh ou les 10.000 autres Rohingyas vivants dans des camps d’une zone de « no man’s land. » ; mais aussi le vécu quotidien des quartiers d’Alep ou la souffrance des victimes de la colonisation galopante en Cisjordanie.
Le Sénégal ; pays réputé pour sa diplomatie ne devra ménager aucun effort pour une résolution totale de ce conflit ; ne serait-ce en mettant la pression sur les institutions internationales pour une attention soutenue de ce dossier. Une telle question est d’ordre primordiale à inscrire dans le calendrier de la prochaine assemblée générale des Nations unis prévue à New York .
Par devers l’Oummah islamique ; nous lançons un appel aux pays musulmans frères de la Malaisie ; de la Thaïlande et même de l’Inde pour soulager les souffrances des frères déplacés. Cette action méritoire est du reste un devoir qui se mesure à l’aune de la sourate Al Houjourat (49/10) qui dispose : « Les croyants ne sont que des frères. Etablissez la concorde entre vos frères, et craignez Allah, afin qu’on vous fasse miséricorde. »
En lieu et place de la haine injustifiée ; que Dieu nous fasse comprendre au monde le sens de ce verset : « Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un homme et d’une femme, et Nous vous avons établis en peuples et en tribus pour que vous appreniez à vous connaître. Le plus noble d’entre vous, aux yeux de Dieu, est le plus pieux. Et Dieu est Savant et bien Informé (Coran 49,13) ». Oui ! L’existence de communautés plurielles ; chacune avec ses spécificités culturelles et linguistiques, religieuses et anthropologiques n’est rien d’autre qu’une manifestation de la Puissance Infinie d’Allah.
« Allahoumma aslih li dini allazi huwa ismatou amri wa aslih li dun’ya allati fiha ma’ashi wa aslih li akhirati allati fiha ma’adi . » ( Mon Dieu améliore-nous notre religion qui est le fondement de notre existence .Améliore-nous notre au-delà vers lequel nous serons retournés)
Fait à Touba Baghdâd le 6 septembre 2017.
Serigne khadim Lo Gaydel