(…) En définitive Cheikhoul Khadim, le savant noir s’est montré inégalable dans le domaine de la connaissance. Au demeurant s’il peut en être ainsi c’est que sa science orthodoxe est des plus pures, comme il le garantit lui-même dans Jazaoul Chakour (page 45) : « il m’est parvenu du Savant, une science authentique et je ne rencontre point un facteur d’affliction à ce sujet».
Ceci étant, il est nécessaire de faire une mise au point :
D’abord quand il s’agit de ses rapports avec le cadi Madiakhate Kala, il convient de clarifier qu’il ne s’agissait pas d’une relation entre un maître et son élève. En effet dès son bas âge, le cheikh fut versé dans la versification. Il se trouve en effet qu’à cette époque le cadi Madiakhate Kala fut le plus renommé en ce domaine de la littérature. Ainsi le Cheikh lui donnait ses poèmes pour une relecture. Cependant le cadi les trouva si parfaits qu’il se mit de bonne heure à les apprendre lui-même !
Ensuite, pour ce qui est de ses liens avec la famille de Sidy Baba (RA), il est nécessaire de rappeler que la première visite de Serigne Touba en Mauritanie correspondait surtout à une période de quête spirituelle et plus précisément en la recherche d’un puits intarissable de savoir. C’est ainsi qu’il rendit visite à Sidy Baba. Néanmoins, il se rendit vite compte que ce qu’il recherchait n’était qu’en lui-même.
En conclusion, il s’avère que Cheikhoul Khadim fut le véritable promoteur du concept de guerre sainte par la science (Djihadou Ilm). En cela, il entendait prouver que la seule lutte qui vaille la peine d’être menée est celle basée sur la connaissance. Agissant de la sorte, il réussit aussi à se dresser contre les colonisateurs et en sortir impérieux, dans leur supposé domaine de prédilection : celui du raisonnement cartésien. Ainsi, plus que Descartes, qui en avait certes fait la théorie, Cheikh Ahmadou Bamba venait, en effet, de prouver que le bon sens est la chose au monde la mieux partagée ; car il ne s’est pas limité pas au concept de la raison mais notre Cheikh y a allié l’action. C’est d’ailleurs ce qu’il proclame quand il affirme avec véhémence que science et action sont deux choses qui doivent être intimement liées.
Serigne khadim Lo Gaydel