Si le Grand Magal de Touba est un évènement qui échappe à l’usure du temps jusqu’au centenaire c’est qu’il consacre un homme de Dieu constant dans ses idées et dans sa pratique jusqu’à être hautement récompensé. Oui ! Cheikh Ahmadou Bamba se définit d’abord par la constance. Une constance dans la parole et dans les écrits, de même que dans l’idéologie de paix et la reconnaissance réitérée au Seigneur qui l’a gratifié en retour.
A l’analyse de sa jeunesse à Mbacké Kadjor, du temps où il servait dans le « Daara » de son père comme assistant professeur, Serigne Touba semblait être diffèrent de tous. Sa vie ne se résumait qu’à l’adoration du Seigneur.
Evoluant dans un contexte de réelle corruption sociale, morale et politique, le Cheikh comprit très tôt que le plus difficile serait de préserver la pureté de son idéal. Pour cela il choisit comme méthode la voie du « Djihadul nafs » qui se caractérise par des exercices de la mortification permettant de dominer ses passions.
De ce fait l’on comprend mieux ses décisions révolutionnaires de l’époque comme celle de ne pas succéder à son père comme cadi du roi, ou encore son détachement de toute voie soufie pour choisir la sienne. Tout ceci, démontrant si besoin en était, qu’il ne transigerait jamais sur le concept de l’Unicité de Dieu. (…)
Ceci étant, la constance de Cheikhoul Khadim va de pair avec son intransigeance dans l’action. Pour lui, il était contradictoire de s’opposer aux coloniaux, tout en attendant quelque chose d’eux. Dès lors il ne sacrifia jamais son idéal sur l’autel de la compromission.
Ainsi par la constance l’Apôtre de la race noire réussira à préserver la pureté de son idéal. Dès lors dans un monde en mutation, cette constance doit faire école. Un mouride se doit d’être constant dans l’action, et pour cela il lui faudra cultiver la patience dans l’effort. A l’époque, lorsque les mourides se plaignaient des difficultés qu’ils rencontrent, Cheikh Ahmadou Bamba avait l’habitude de leur rappeler la tenue des compagnons élus du Prophète (psl). En effet ils ont subi toutes sortes d’épreuves avant leur triomphe à Badr : il y allait des lapidations, de l’exil en Abyssinie, des tortures, des invectives, entres autres. (…)
In fine, notons qu’en trente-trois (années) de lutte, les colonisateurs ne parvinrent jamais à faire de Cheikhoul Khadim un homme acquis à leur cause. Au surplus il refusa tous les honneurs qui venaient de ces oppresseurs malintentionnés. Cette réussite le Maitre Khadm Rassoul le doit à sa ferme résolution.
Serigne Khadim Gaydel Lô